Dans le cadre du programme Tissage « TrIptyque Science Société pour AGir Ensemble » dédié au dialogue entre scientifiques, décideurs et publics, le département journalisme de l’IUT de Lannion a organisé un projet pédagogique, porté par l’équipe ci-dessous, entre février et avril 2023 .
Les étudiant.e.s ont réalisé collectivement des productions journalistiques pour répondre à deux questions principales :
- Comment former les journalistes aux méthodes scientifiques ?
- Comment mieux comprendre les enjeux et contraintes des chercheurs/décideurs/journalistes ?
Ils ont ainsi saisi concrètement que les arènes médiatiques et scientifiques sont des lieux de lutte symbolique et politique, comme le montrent les difficultés de reconnaissance des discours scientifiques sur les dangers du tabac, de l’amiante, aussi bien que sur le réchauffement climatique. Les enjeux de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée se portent donc sur la façon dont la science est « utilisée » par différents acteurs aux enjeux et visées différentes. Un processus pouvant aller jusqu’à la « fabrique de l’ignorance » de la part des industriels cherchant à produire des études alternatives pour créer des controverses retardant toute décision ou toute action politique.
- La station biologique de Roscoff
Nous sommes partis de la médiatisation autour des algues pour mener une réflexion sur les liens entre chercheurs, décideurs et scientifiques. Accompagné.e.s par Bertrand Jacquemin, chercheur en biologie marine, les étudiant.e.s ont échangé avec des techniciens, une ingénieure responsable de la plate-forme technique, des thésards, une chercheuse et une chargée de médiation, de façon à comprendre les différentes méthodologies de recherche possibles : quantitatives, qualitatives, les approches théoriques et les expérimentations en conditions contrôlées.
- Le camp de concentration du Struthof, en Alsace
Dans le cas du camp de concentration du Struthof, c’est Juliette Brangé, archéologue et responsable des opérations de fouille du camp, qui a accompagné le groupe d’étudiant.e.s, pour leur permettre de comprendre les enjeux des recherches sur le thème de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. A travers la visite du camp puis de la carrière où travaillaient les déportés, les étudiant.e.s se sont initié.e.s aux différents types de fouilles et d’analyse d’archives. Le groupe a pu mesurer l’intérêt de la recherche en archéologie contemporaine, confrontée à une dimension mémorielle très forte dans ce qui est le seul camp de concentration situé sur le territoire français. Il a pu réfléchir aux liens entre les recherches, les discours mémoriels mais aussi les médias qui peuvent avoir une influence sur les visites ou les financements.
- Les controverses environnementales, autour du projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires
Les étudiant.e.s ont ensuite travaillé sur les controverses environnementales à partir de l’exemple des déchets nucléaires. Une visite virtuelle du laboratoire de l’Agence nationale de traitement des déchets nucléaires (Andra), qui doit précéder l’enfouissement des déchets dans le sous-sol de Bure (Haute-Marne), leur a permis d’en mesurer les enjeux légaux et les défis technologiques. Une rencontre avec le chercheur Vincent Carlino, spécialiste des controverses environnementales et dont la thèse portait sur Bure, a d’abord permis de comprendre les différences entre polémique et controverse. Elle a surtout été l’occasion de contextualiser ce projet, de comprendre les motivations et actions des acteurs. C’est en examinant les questions politiques, sociales et scientifiques posées par Bure que les étudiant.e.s ont pu aborder les logiques qui se croisent en de telles circonstances : processus de prise de décision politique, apports de la recherche scientifique, expertise citoyenne. Cette partie du projet a donné lieu à une réflexion sur la place de la médiatisation dans les controverses.
- Les institutions politiques et leur rapport à la science : Sénat et institutions européennes
Afin d’intégrer la dimension politique, les étudiant.e.s sont allé.e.s à la rencontre des institutions nationales et européennes (Europa Expérience) avec Adina Révol, cheffe du service médias de la représentation de la Commission européenne en France. Plusieurs conférences thématiques, animées par des hauts fonctionnaires, ont été proposées sur le thème du lobbying, de l’agriculture, de l’économie et de la santé. Les étudiant.e.s ont ainsi pu prendre la mesure de l’importance de l’expertise dans la production de la réglementation européenne autour du libre-échange et les logiques d’appropriation des acquis scientifiques dans la construction de politiques publiques.
Au Sénat, guidé.e.s par Annie Le Houérou, les étudiant.e.s ont pu mieux cerner le travail quotidien d’une parlementaire et la place de l’expertise et de la science dans la production de la loi. Ils ont pu accéder aux coulisses du travail législatif, en échangeant avec son attachée parlementaire, et cerner les choix opérés, en particulier le poids de la médiatisation dans la sélection des chercheurs auditionnés. Les étudiant.es ont pu mesurer, à travers ces échanges, le flou autour de cette catégorie qu’est l’ « expertise », où les chercheurs ne sont qu’une partie des acteurs auditionnés par les hauts fonctionnaires et les parlementaires.
L’équipe
Sandy Montañola
Coordination générale
Organisation visite station marine de Roscoff, Struthof
Relecture et accompagnement terrain
Olivier Trédan
Organisation session Sénat
Responsable du site Internet
Loïc Ballarini
Organisation session Cigéo
Accompagnement et relecture
Philippe Gestin
Responsable relecture
Accompagnement
Jean-Philippe Mériglier
Accompagnement prise d’images, prise de sons, interviews et montage