Créé en 1872, le centre de recherche de Roscoff est consacré à la biologie marine. Les chercheur.se.s de la station utilisent une variété de méthodes scientifiques pour étudier les organismes marins. Leurs travaux sont exigeants et nécessitent une solide culture scientifique pour être compris.
La station biologique de Roscoff est spécialisée dans l’étude des algues marines. Pour étudier ces organismes, elle allie recherche fondamentale et appliquée. Toutes deux essentielles à la science, elles répondent à des objectifs différents. Bertrand Jacquemin, consultant scientifique indépendant, nous fait part de cette subtilité.
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La recherche fondamentale a pour objectif d’acquérir de nouvelles connaissances sur les fondements des phénomènes et des faits observables, sans envisager une utilisation particulière, tandis que la recherche appliquée utilise ces connaissances fondamentales pour développer de nouveaux produits et résoudre des problèmes pratiques. Par exemple, la recherche sur les algues alimentaires répond à un marché. De nouvelles recherches doivent être menées pour mieux comprendre et mesurer les conséquences du changement climatique sur l’écosystème marin. Les données actuelles risquent en effet de ne plus être valables face aux bouleversements que connaît l’océan.
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Dans tous les cas, les chercheur.se.s mettent en place différentes méthodes scientifiques, allant de l’observation à la culture des cellules en passant par les analyses chimiques. Ces façons de faire sont souvent utilisées de manière complémentaire et pluridisciplinaire pour permettre aux chercheur.se.s d’avoir l’approche la plus complète possible de leur domaine d’étude.
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Un processus long et exigeant
Avant d’être publiés, les résultats obtenus grâce aux méthodes scientifiques font l’objet d’un long processus d’évaluation. Aurélien Baud, doctorant, explique : « La publication passe par un travail de relecture par les pairs. C’est-à-dire que les revues scientifiques qui vont publier nos résultats vont solliciter des personnes de notre domaine de recherche pour qu’ils puissent jeter un œil à ce qu’on a fait, nous apporter des corrections, suggestions. Cela prend plusieurs mois pour avoir un article scientifique publié vérifié par la communauté. »
A l’inverse, les journalistes travaillent sur un temps médiatique court. Les chercheur.se.s ne sont alors pas toujours disponibles dans l’immédiat pour répondre aux questions des journalistes et surtout, iels devront attendre que leurs travaux soient publiés.
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Une fois mis en ligne, ces résultats de recherche permettent aux professionnel.le.s de la mer de mieux comprendre la biologie des organismes marins et de contribuer à la conservation des écosystèmes marins, et surtout de s’en approprier une partie pour les aider dans leur travail, explique Mathilde Laboulais, travaillant au Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Bretagne.
Le type de recherche menée influence les possibilités de financement. Néanmoins, l’ensemble de ces recherches, qu’elles soient fondamentales ou appliquées, seraient irréalisables sans un financement public, discuté chaque année au Parlement. Pourtant, le Sénat note que « le montant de l’ensemble des subventions allouées aux appels à projets dans le domaine des sciences biologiques et de la santé a subi une réduction […] entre 2009 et 2015 ».
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Une accessibilité au grand public complexe
Au-delà des enjeux de financement de la recherche et de la récupération qui en est faite par les professionnel.le.s, la médiatisation des recherches est un volet intégré par le laboratoire de Roscoff. La science est souvent perçue comme étant réservée aux expert.e.s et aux scientifiques. Cette perception peut rendre la recherche fondamentale peu attrayante pour le grand public, comme le reconnaissent les scientifiques du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) auxquels nous avons parlé.
Le défi est de rendre l’information scientifique accessible au grand public tout en préservant son sens, et en évitant les inexactitudes ou les fausses informations. « Je pense que cela fait partie du métier de chercheur.se d’avoir des interactions avec la société au sens très large », assure Catherine Leblanc, responsable de l’équipe Biologie des algues et interactions avec l’environnement. La chercheuse reconnaît toutefois que les engagements partent encore d’une initiative individuelle, même s’ils sont fortement incités par les pairs. « J’encourage tous mes doctorants à avoir ce type d’expérience au moins une fois ». En tant que chercheur, « on est reconnu et évalué sur notre capacité à faire des ponts [entre la science] et la société », conclut-elle. En effet, les scientifiques de la station biologique de Roscoff doivent répondre régulièrement aux sollicitations des journalistes et du grand public, aidées par le service communication et médiation.