Bure, illustration de l’arbitrage des médias dans les controverses environnementales

Dans le cas d’une controverse environnementale, quel est le rôle des médias ? Entre clés de lecture de l’information et mise en lumière des prises de positions, le chercheur Vincent Carlino nous livre ses éléments de réponse.

Lors d’une controverse environnementale, comme c’est le cas avec le projet Cigéo de Bure, les médias occupent une position centrale. Ils vont, en effet, participer à la mise à l’agenda du problème et à son cadrage dans l’opinion publique. 

Le rôle des médias est ainsi de définir la problématique mise en jeu, d’expliquer quels sont les différents acteurs de la controverse et de rappeler les logiques et enjeux politiques, environnementaux ou sociaux concernés. D’après Vincent Carlino, maître de conférences à l’Université catholique de l’Ouest et spécialiste des controverses environnementales, il ne s’agit pas uniquement pour les journalistes de mettre à disposition du public des connaissances vulgarisées mais également de rapporter les arguments des différents partis et les visions plus politiques auxquels ils renvoient.

Un rôle de relais et de mise en lumière

Les différents acteurs d’une controverse environnementale vont chercher à entrer en relation avec les journalistes pour partager leurs arguments et les faire entrer dans le débat public. « Mais certains médias ne remplissent pas pleinement ce rôle », selon l’universitaire. Les médias mainstream ont plus tendance à donner la parole aux institutions et moins aux opposants. En réponse, certains médias mettent en avant les discours défendant des points de vue qui correspondent à leur ligne éditoriale.

Par exemple, Reporterre, média écologiste, donne plus facilement la parole à l’association Bure Zone Libre, qui s’oppose au projet, qu’à l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). « Pour éviter d’être stigmatisés, les militants mettent à distance certains médias comme BFM », témoigne Vincent Carlino. La chaîne d’information en continu n’a pas été invitée à plusieurs réunions, les militant.e.s craignant que leur mouvement ne soit décrédibilisé.  

L’ensemble des acteurs d’une controverse environnementale cherche sa place dans la couverture médiatique. Vincent Carlino explique : « Le rôle des médias n’est pas uniquement de rapporter la parole de l’autorité publique mais également de relayer les discours de contestation ». Sur des sujets méconnus du grand public, comme les controverses environnementales, les médias diffusent des grilles de lecture qui participent à la légitimation des différents discours.

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