À Bure, des déchets radioactifs de haute activité doivent être enfouis dans le Centre industriel de stockage géologique (Cigéo). Leur durée de vie de plusieurs milliers d’années pose la question de la sécurité du site à long terme.
Tout enfouir à 500 mètres de profondeur pour toujours. C’est la solution que la France a privilégié pour ses déchets radioactifs les plus dangereux. Le parc nucléaire actuel doit, à terme, en produire 85 000m³, pour lesquels l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a reçu la mission d’étudier l’enfouissement. « 3 % des des déchets nucléaires produits en France seront stockés à Cigéo », mais représentant 98 % de la radioactivité produite en France s’agissant des déchets HA (haute activité) et MA-VL (moyenne activité-vie longue).
Les déchets nucléaires sont classés par l’Andra en fonction de leur niveau d’activité, c’est-à-dire leur niveau de radioactivité et de leur durée de vie.
Le choix du site de Bure s’est fait sur la base de l’étude géologique du terrain. Parmi les différents territoires candidats à l’accueil du projet Cigéo, Bure est la zone la moins sismique. Les déchets y seraient entreposés dans une roche d’argile datant du jurassique et située sous la limite des départements de la Meuse et de la Haute-Marne. Pour l’Andra, qui s’appuie sur les études qu’elle a elle-même menées, la radioactivité ne traversera pas cette couche avant 400 000 ans, période après laquelle les déchets ne présenteront plus de danger. L’agence tente de garantir, à travers ce laboratoire à grande échelle, la viabilité du projet. En 2018, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a ainsi estimé dans un avis que « le projet a atteint globalement une maturité technologique satisfaisante au stade du dossier d’options de sûreté ».
Des incertitudes à long terme
Mais les opposants (le collectif BureStop, Sortir du nucléaire, les associations environnementales, etc.) dénoncent l’instabilité du projet à très long terme. « On ne peut pas prévoir comment réagira la couche d’argile au cours des siècles à venir », explique notamment Greenpeace. « Il n’y aura pas de déchets avant 2035 », répond l’Andra qui renvoie à un processus législatif long et qui doit s’appuyer sur les analyses réalisées dans le laboratoire souterrain.
La très longue durée qu’implique le projet d’enfouissement pose aussi la question de la conservation de la mémoire des lieux. Les déchets qui y seront entreposés resteront enfouis plus longtemps que vivra notre civilisation. « Nous devons trouver des signaux indiquant la présence des déchets qui puissent être compris par des civilisations futures », admet Benjamin Corre, assistant en relations publiques à l’Andra. Pour l’heure, aucune solution n’a été apportée, l’agence a seulement mis en place le financement d’études en sciences humaines et d’un concours sur le thème de la mémoire.
Malgré ces incertitudes, à l’été 2022, le projet a été reconnu d’utilité publique par l’État français. Une décision contestée par plusieurs associations et habitants. Le collectif Bure Stop accuse notamment le gouvernement de mettre les citoyens « devant le fait accompli d’un projet imposé » et un recours devant le Conseil d’État a été déposé.
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