Majoritairement subventionnée par des dotations, la recherche publique est sous-financée. L’argent est mal réparti, et parfois mal utilisé. C’est ce que pointent le CNRS et les rapporteurs du Sénat sur la question.
Le financement de la recherche est un enjeu scientifique, mais aussi politique. En effet, la recherche publique fonctionne grâce à des dotations, dont le montant est défini lors du vote du budget de l’État. Mais, pour le CNRS, la tendance est plutôt à une diminution de l’effort public de recherche.
« La recherche publique française est insuffisamment financée, la part du budget de l’État qui lui est consacrée décline et les crédits publics de recherche sont mal répartis et en partie mal employés ».
Comité national du CNRS, 2019
En biologie et en santé, une baisse de budget conséquente
Le CNRS pointe également du doigt le fonctionnement de l’Agence nationale de recherche (ANR), « “guichet” dominant du financement de la recherche par appels à projets ». Les rapporteurs.euse.s du Sénat notent eux que « le montant de l’ensemble des subventions allouées aux appels à projets, dans le domaine des sciences biologiques et de la santé, a subi une réduction de près de 40 % entre 2009 et 2015 ».
L’un des problèmes de la recherche fondamentale est qu’elle peut sembler moins intéressante pour les financeurs (publics ou privés). À titre d’exemple, la pandémie de Covid-19 a été un axe de recherche largement financé depuis 2020 parce qu’elle avait une incidence considérable sur les sociétés humaines. Néanmoins, les mesures prises par les gouvernements dépendaient des avancées scientifiques sur les facteurs de transmission (recherche fondamentale) et les vaccins ou produits virucides (recherche appliquée). Sans recherche fondamentale en amont, il n’aurait pas été possible d’aboutir aussi vite à une production de connaissances sur le virus.
Mais la Covid-19 a aussi mis en lumière les faiblesses de la recherche biomédicale française. Rappelons que Sanofi (important laboratoire pharmaceutique français) a été l’un des derniers à présenter les résultats de ses recherches dans la course aux vaccins contre la Covid-19.
À la station biologique de Roscoff, différents types de financements
Gwenn Tanguy est la responsable technique de la plateforme Genomer de la station, spécialisée dans l’étude génétique de la faune et de la flore marine. Elle décrit les étapes et les acteurs de financement de la recherche fondamentale.
La station biologique de Roscoff est rattachée au CNRS et à Sorbonne Université. Elle est donc concernée par ce système de financement. Zofia Nehr, post-doctorante, travaille avec une entreprise privée de la région. Ses recherches pourront notamment servir en cosmétique et en pharmacologie.
À Roscoff, la recherche fondamentale publique (qui étudie la biologie des organismes et le fonctionnement des écosystèmes marins) est donc aussi, en partie, financée par la recherche appliquée issue de fonds privés. Les intérêts des entreprises peuvent donc avoir des incidences sur les sujets de recherche.