Les rapports entre journalistes et scientifiques sont parfois difficiles car les objectifs professionnels ne sont pas les mêmes. Une meilleure compréhension mutuelle faciliterait le travail des deux professions. Catherine Leblanc est directrice de recherche à la station biologique de Roscoff. Elle donne des clés pour améliorer la relation entre les deux professions.
Quand un.e chercheur.euse rencontre un.e journaliste et que le cadre n’est pas bien défini, « on a l’impression que l’on est instrumentalisé », explique Catherine Leblanc. Un avis partagé par ses collègues qui se montrent réticent.e.s à répondre aux reporters.
Un droit de relecture ?
Pratiquée en journalisme, la relecture d’un article par la source se traduit par la vérification des informations retransmises dans l’article, plus qu’une modification. Mais par manque de temps, pour des raisons déontologiques, ou par crainte de perdre la main sur leur travail, les journalistes ne donnent pas toujours cette possibilité aux scientifiques. C’est souvent un regret pour ceux-ci, qui voient leur discours mal retranscrit ou modifié. Pour éviter tout malentendu lors de l’échange et de la retranscription, les conditions devraient être préalablement établies. « Le cadre doit être posé tout au début de l’interaction avec les chercheurs », souligne Catherine Leblanc.
Choisir le.a bon.ne interlocuteur.rice
Chaque chercheur.se est spécialisé.e dans un ou plusieurs domaines d’études. Iel n’est pas forcément apte à répondre à toutes les questions. Selon Catherine Leblanc, il est donc primordial pour le.a journaliste de trouver le.a bon.ne interlocuteur.rice. Une des difficultés, c’est le manque de temps. Catherine Leblanc raconte : « Parfois, on se trouve démunie à devoir répondre à des choses que l’on ne maîtrise pas. Par exemple, j’ai fait des interviews en radio. On m’avait posé une question d’expertise, puis une question d’actualité. C’est plus intéressant pour le grand public, mais ça sort de mes expertises ».
Une part de doute dans la démarche scientifique
« Les recherches et la méthode scientifique ont été questionnées et mises sur le front de l’actualité pendant la période du Covid-19 », souligne la chercheuse. Mais dans la recherche, il y a une part de doute et de questionnement que les journalistes et lecteur.rice.s ont du mal à comprendre : « C’est pas parce que l’on doute qu’on ne sait pas, ou qu’on n’est pas sûr de certains résultats. Et ce que l’on a trouvé à un moment donné peut être remis en cause », explique-t-elle. Le processus long de la démarche scientifique s’oppose parfois à l’urgence journalistique. Il faut prendre en compte que les éléments fournis par un.e scientifique ne sont pas actés à vie.
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Musique : Artlist
Images : Axel TRILLOU, Léane DELABRIERE, Cindy DUFFAY, Camille PRIVAT et Agathe GEROT
Montage : Cindy DUFFAY et Léane DELABRIERE