Pour l’Andra, la communication passe aussi par YouTube

Dans une volonté d’être plus présente sur le web, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) mise sur de nouveaux formats de communication. En 2017, elle fait appel à trois YouTubeurs, afin de produire des vidéos mêlant communication et récit de vie.

Des YouTubeurs à 500 m sous terre pour faire la promotion de l’Andra ? C’est ce que l’agence a mis en place en 2017, en invitant trois créateurs de contenus à visiter son laboratoire souterrain de Bure. Par exemple, la vidéo « Déchets nucléaires durent cent millénaires » de Defakator donne la parole à différents acteurs (des professionnel.le.s comme des ingénieur.e.s ou encore des institutions telles que l’Andra). Astronogeek a quant à lui réalisé « On descend à 500m sous terre ! » comme un « vlog de vacances », en se contentant d’un unique discours, celui de l’Andra. Enfin, Anonimal mise sur l’aspect sensationnel de la visite : « J’ai approché des déchets radioactifs ». Leurs productions ont un point commun : l’incarnation. C’est ce que cherchait l’Andra afin de toucher une large audience : près d’1,8 million d’abonnés à eux trois, et 1,02 million de vues pour les trois vidéos.

Dans une chronique intitulée « Du chercheur au youtubeur », publiée dans Pour la Science, en 2020, la chercheuse Virginie Tournay voit ces contenus comme une façon « d’amener les savoirs spécialisés (…) vers le débat public ». Désormais, comme le montre l’exemple de la covid, la captation de l’attention passe par l’image.

En contactant ces Youtubeurs, l’Andra souhaite déconstruire l’image négative entourant les déchets radioactifs. En préambule, les vidéastes tiennent à clarifier : si Defakator précise qu’il « ne s’agit pas d’un partenariat », Astronogeek avoue « être en mission ». Contrairement à ses confrères, Anonimal est le seul à mentionner une rémunération de la part de l’Andra. Cependant, il le précise : « Le but n’est pas de vous vendre un truc. » 

Leurs abonné.e.s sont ravi.e.s : beaucoup d’entre elleux saluent l’objectivité de leur travail. Pour @Leho’s Play, on y trouve « un niveau de compréhension presque de 100% d’un sujet pourtant assez complexe » (Defakator). « Merci Arnaud pour ces paroles d’apaisement et de réflexion », déclare @baygonchoco (Astronogeek). D’autres apprécient le mode de narration, jugé « rafraîchissant » par @Eremilion (Astronogeek). « Ah, si seulement la moitié des reportages que l’on voit pouvaient s’en inspirer », regrette @Pepef Lebrin (Defakator).
Dans ces commentaires, il n’y a pas de remise en cause de la démarche. Pourtant, l’invitation fait partie de la stratégie de la communication de l’Andra, qui n’offre pas seulement un accès à des sources spécifiques, mais aussi une prise en charge des frais voire une rémunération. Ces conditions de réalisation ont un effet sur les propos des vidéastes qui en viennent à s’approprier les éléments de communication de l’Agence. Au point, pour Astronogeek, de déclarer que « l’Andra n’a pas grand-chose à voir avec l’industrie nucléaire ».

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