À Bure, dans la Meuse, le projet d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo est l’objet d’une controverse environnementale. À travers une visite virtuelle du site Cigéo et l’échange avec un chercheur, nous avons interrogé la responsabilité des journalistes dans la mise en perspective des enjeux soulevés par l’énergie nucléaire.
Le nucléaire, comme technique de production de l’énergie, émet une quantité importante de déchets (1 760 000 m3 début 2023), sensibles à stocker à cause de leur radioactivité. Tous ces déchets n’ont pas le même impact et la France a fait le choix de privilégier l’enfouissement profond des plus dangereux. Le site de Bure, à la frontière entre la Meuse et la Haute-Marne, a été choisi par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). C’est le projet Cigéo né en 1991 : un laboratoire destiné à valider la faisabilité de ce qui sera demain un centre d’enfouissement. Ce projet, controversé dans les milieux écologiste, scientifique et politique, devra faire l’objet d’arbitrages dans les années à venir : si la déclaration d’utilité publique a été obtenue, l’autorisation de création a été déposée début 2023, et aucun « colis » de déchets n’est attendu avant 2035.
Étudier les liens entre journalistes, chercheur.euse.s et militant.e.s
Benjamin Corre, assistant en relations publiques à l’Andra, a pour rôle d’expliquer le projet Cigéo et ce qu’est l’enfouissement. C’est lui qui nous a guidé.e.s dans une visite virtuelle du laboratoire souterrain.
Vincent Carlino, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, est spécialiste des controverses environnementales et en particulier de celle qui concerne Bure. En partant de l’étude du projet Cigéo, nous avons étudié avec lui les relations et les rapports de force qui se jouent entre journalistes, chercheurs, promoteurs de Cigéo et opposants.
Nous avons compris comment les journalistes sont confrontés à la fois aux discours de communication du centre Cigéo et des militants écologistes. Il s’agit ainsi, pour les journalistes, de sortir d’une posture symétrique se limitant à présenter des positions opposées, et d’analyser d’autres éléments, notamment les expertises citoyennes.
