Jusqu’ici tournés vers leurs territoires respectifs, les archéologues français et allemand commencent à travailler ensemble sur les camps de concentration.
Un site tel que le camp de concentration du Struthof comporte un héritage mémoriel à la fois français et allemand. Implique-t-il pour autant une coopération entre les équipes de recherche française et allemande ? « Pour l’instant, ce n’est pas trop le cas », constate Juliette Brangé, archéologue et directrice des opérations de fouilles du camp.
Une coopération à ses prémices
Cette coopération n’en est pour l’instant qu’à ses prémices. « Actuellement, les chercheurs français se concentrent sur le côté français et c’est pareil pour les chercheurs allemands. Pour l’instant, sur le terrain, on n’a jamais été ensemble », explique Juliette Brangé. Les deux équipes prévoient néanmoins de réaliser, dans le futur, une publication commune et de compiler leurs effectifs des deux côtés. Juliette Brangé prépare elle-même une thèse qui porte sur la comparaison du camp du Struthof avec celui, allemand, de Flossenbürg.
Si les deux pays n’en sont qu’à leur début dans ce travail coopératif, cela s’explique avant tout par des différences de mentalités et de structures. « L’archéologie des camps, cela fait seulement 10 ans qu’elle existe en France, alors que ça fait plus de 30 ans en Allemagne », confie la chercheuse.
Des interrogations communes
Cette coopération est également ralentie, pour l’instant, par des problématiques liées à l’histoire de chaque pays. « En Allemagne, il y a beaucoup cette idée qu’il faut s’occuper de l’espace mémoriel et des camps pour se faire pardonner. En France, on a un autre problème, c’est la mise en valeur très forte des Résistants français. » Les deux pays se retrouvent tout de même autour d’interrogations communes : concilier les parcours mémoriels, le discours mémoriel, les constructions de nouveaux bâtiments et les études archéologiques.
